Le débat sur la question de l’homoparentalité est toujours actuel pour beaucoup de gens, même si un grand nombre de pays a légalisé l’adoption et l’aide en matière de procréation pour les couples homosexuels. Il y a plusieurs dimensions à ces débats : morale, représentée principalement par l’Église ; médicale, représentée principalement par des psychanalystes ; et politique / juridique représentée par la politique / législation. Les questions correspondantes généralement posées sont : L’homoparentalité est-elle morale ? Est-il sain pour les enfants d’être élevés par un couple homosexuel ? Pourquoi le mariage doit-il être protégé légalement, et  le mariage homosexuel peut-il  avoir cette même protection légale ? Je voudrais essayer de répondre à toutes ces questions pour expliquer pourquoi je plaide en faveur de l’homoparentalité.

La question de la moralité est la première à être soulevée dans un débat sur la parentalité homosexuelle. Il ne fait aucun doute que la morale est un concept  qui change,  se développe ; et ce qui était moral dans le passé n’est pas nécessairement moral maintenant (par exemple l’esclavage) et vice versa (les droits des femmes à l’éducation). Toutefois, qui détermine notre morale ? Dans le monde occidental, la réponse est bien sûr l’Eglise. Même en France, qui se vante de sa laïcité, la Bible est en quelque sorte une référence inévitable quand on parle de la moralité. Cependant, à partir de la deuxième moitié du 20ème siècle, les théologiens « queer » ont  indiqué que la Bible peut être interprétée de manière positive quant à l’homosexualité. De plus, une partie des chrétiens  est suffisamment libérale pour soutenir les mariages entre personnes du même sexe et leur droit d’avoir des enfants.

Selon moi, outre le débat théologique, je trouve personnellement immoral de nier le droit d’avoir des enfants à un couple aimant, sain et économiquement stable. Nous n’enlevons pas les enfants de mères ou pères célibataires et ne considérons pas la monoparentalité immorale (même si certains la considère sans doute). De surcroît, pour adopter un enfant ou pour obtenir une aide en matière de procréation, un couple gay doit passer par un grand nombre de procédures bureaucratiques complexes, alors que leur décision d’avoir un enfant est beaucoup plus raisonnable que, par exemple, une grossesse chez les adolescentes hétérosexuelles.

Même si l’homoparentalité est moralement justifiable, est-il cependant sain pour des enfants d’être élevés par des parents  de même sexe? Freud pourrait soutenir qu’un enfant élevé par des parents homosexuels va inévitablement grandir avec certaines névroses. Cependant, les dernières études scientifiques indiquent que les enfants élevés par des couples homosexuels ne montrent aucun signe de traumatisme psychologique et sont en aussi bonne santé que ceux élevés par des familles hétérosexuelles. De plus, avoir des parents hétérosexuels ne garantit pas que les enfants seront psychologiquement sains, et il y a beaucoup d’exemples de cela (après tout, Hitler avait une maman et un papa).

Selon la troisième dimension juridique, nous devrions penser à la valeur sociale du mariage et de la parentalité. Comme les scientifiques l’ont remarqué, la valeur sociale (qui est importante dans la jurisprudence) du mariage est avant tout dans les relations interpersonnelles intimes, la procréation / l’éducation des enfants, la stabilité économique et la canalisation du comportement sexuel. Tous ces aspects ne dépendent pas vraiment du genre ou orientation sexuelle. En ce qui concerne le droit d’avoir des enfants, aussi longtemps que la famille peut subvenir aux besoins de ses enfants, le sexe des parents n’a absolument aucune importance. Voilà pourquoi la monoparentalité est légale. Certains diraient que les couples homosexuels ne peuvent pas avoir des enfants naturellement, et le but du mariage est de procréer ; mais dans cette logique, ne faudrait-il pas alors que nous interdisions aussi tous les mariages hétérosexuels sans enfants ? 

Les conservateurs sont convaincus que l’homoparentalité mettra le monde sans dessus dessous et conduira à la légalisation de la polygamie, la bestialité et même la pédophilie. Heureusement, la science et le bon sens sont du côté des gays et lesbiennes ,  et j’espère qu’un jour  nous nous arrêterons de considérer l’homophobie comme un argument dans ces débats.